Soutenance

Mayrig* (de Henri Verneuil) dans les mains, je m'assoie dans le train à destination de Rennes. Trois années de ma vie viennent de se conclure une heure auparavant, non sans souffrance car les jours précédents ont été un véritable calvaire pour moi, fille à l'angoisse facile et aux tremblements incontrôlables.

Je ne réalise encore pas très bien que désormais s'en est vraiment fini de ce master qui m'a, certes, fait découvrir d'autres modes d'enseignement, permis de rencontrer des personnes géniales et appris plein de choses (sur moi notamment), mais qui a aussi été une période difficile. Ce master, matérialisé par ce mémoire que je viens de soutenir, m'a pris énormément d'énergie, physique et morale. Tout a tourné autour du mémoire, de sa conclusion. Même quand je n'écrivais pas pendant de longues périodes, bloquée sur un point, j'avais cette voix intérieure qui me culpabilisait de faire autre chose. Alors j'ai arrêté de lire, puis de dessiner et d'écrire. Drôle de sensation alors que de se retrouver tout à coup libre de faire ce que bon me semble, libre de choisir une voie différente, de faire des choses que j'ai retardé.

Effrayant aussi. Primaire, collège, lycée, fac d'histoire de l'art, master d'histoire, stage (...) tout s'est enchaîné vite, avec des prises de décisions rapides, instinctives, en ne me posant les questions qu'après. Alors c'est autant avec un peu d'apréhension qu'un grand enthousiasme que je tire un trait sur mes études universitaires et que je me projette (timidement) vers un avenir proche. 

J'ai toujours ce tic tac de la société qui m'embete, ces questions incessantes des gens sur "Ce que je vais faire maintenant" qui restent sans réponses, Mesdames, messieurs, je suis au regret de vous faire part que je n'en ai aucune idée, que j'ai fait des études que l'on peut qualifier d'agrément, que je ne suis pas spécialement ambitieuse et que ce que je veux avant tout, c'est bête, mais c'est juste être heureuse et contente de moi - ce qui peut être ambitieux, selon comment on voit les choses ;) mais je m'aperçois tout de même que mon cerveau bouillonne à nouveau d'une multitude d'idées, de projets, d'envies. Les barrières mentales que j'ai monté ces dernières années tombent petit à petit. Je redeviens moi. Et c'est (très) agréable.

Note: * Enorme coup de coeur, je remercie mille fois Anne-Eli qui me l'a fait découvrir!