Merci madame du Pôle emploi d'accentuer mon malaise
Voilà, depuis hier je suis officiellement "demandeur d'emploi".
Je me demande encore pourquoi j'ai fait cette démarche. N'ayant pas travaillé suffisemment je n'avais de toute façon pas le droit à une quelconque indemnité financière. Au moins dirons-nous, j'ai un statut. Il n'empêche qu'hier j'ai du répondre à the question qui tue: "Que comptez-vous faire avec vos diplômes ? Quels sont les débouchés?". Comment expliquer aux gens que oui, j'ai fait une licence puis un master, mais que non, je ne pensais pas "débouchés/boulot" durant ces six ans. Oui, j'ai été intéressée par ce que j'ai fait, mais j'aurai pu l'être tout autant dans d'autres domaines.
Je suis entrée en licence d'histoire de l'art en me disant "pourquoi pas ? ça m'a l'air enrichissant et différent de ce que j'ai fait au lycée" avec comme objectif de trouver un domaine qui me passionne. "En attendant je vais passer le temps intelligemment", me disais-je alors. Seulement voilà, au bout de trois ans, toujours pas d'envie majeure. J'ai alors envisagé plusieurs options avec un seul objectif en tête: aller à l'étranger. "Et bien je vais profiter des programmes d'échanges, comme ça je combine l'étranger et les études." J'ai opté pour un Master d'Histoire européen, ce qui n'était peut-être pas l'idée du siècle, mais j'ai du coup pu passer les frontières, vivre en l'espace de deux ans successivement à Lyon, au Royaume-Uni et à Budapest, profiter des belles universités type anglo-saxonnes, visiter plusieurs endroits superbes, rencontrer des gens [et accessoirement péter un cable à cause du mémoire itself]. Mais là encore, si ça m'a apporté humainement parlant au niveau de mes aspirations professionnelles toujours rien.
J'ai déjà du mal à répondre à mon entourage lorsque l'on me pose cette question de l'emploi, alors devant un conseiller pole emploi qui te rappelle dix fois qu'il faut que tu valorises tes diplômes, alors que tu répliques autant de fois que toi, là, dans l'instant, c'est pas un CDI de chargé de projet culture dans un trou paumé que tu veux, mais un CDD (ou autre contrat non permanent) qui te permette de te nourrir et te loger. Point. Je leur demande pas plus. Mais apparement vouloir avoir un contrat court alimentaire c'est honteux. Si t'as bac+5, tu n'as pas le droit.
Je sais que ce que je veux c'est du luxe.
Faire quelque chose que j'aime vraiment, un truc où je me lève le matin et je me dis "oui, c'est ça que j'aime". Avec des hauts et des bas, mais une motivation suffisante pour ne pas plonger dans une déprime du type existencielle toutes les cinq minutes. J'ai fait des concessions durant mes années d'études. Je ne me vois pas passer toute ma vie à faire des choses "Pas inintéressantes". Parce que en soi, je suis quelqu'un de positif qui trouve de l'intérêt un peu partout. Le truc c'est que j'ai toujours eu pleins d'envies. Mais il y a un monde entre l'idée que tu te fais de certains métiers et la réalité [encore plus lorsque tes métiers de rêve sont plus ou moins liés au monde artistique. Soit débouché zéro.] Du coup j'ai toujours eu peur de pleins de choses. Peur de me découvrir nullissime, peur d'être déçue. En gros, peur de m'être obstinée à faire quelque chose pour au final devoir stopper parce que ça ne mène à rien. Mais avec cet état d'esprit, c'est la porte ouverte aux regrets assurés. Parce qu'on peut aller loin comme ça. Mais si on a peur, c'est qu'il y a potentiellement quelque chose de passionnant au bout, sinon on s'en balancerait un peu (non ?).
Il me reste donc à m'endurcir un peu, à faire abstraction des remarques type Pole-emploi, à m'obstiner à aspirer au luxe de la passion et à affronter mes peurs.
Et accessoirement trouver un boulot alimentaire (sans espérer l'aide de Pôle emploi) (de toute manière j'y comptais pas)