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Confidences autour d'un thé... (ou d'un café)
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16 mars 2013

Profil: 24 ans, au chômage et célibataire. Je vends du rêve.

Quant on a 24 ans (1), qu'on a fini ses études en sciences humaines, qu'on est au chômage et célibataire (2), des moments de déprime, nos doigts ne suffisent pas à les compter. A cet âge, lorsque t'es au chômage, tu n'existes pour ainsi dire pas. Tu t'inscris comme demandeur d'emploi pour le fun, vu que de toute manière tu n'auras le droit à rien. Les réductions éventuelles, dans 90% des cas elles sont identiques à celles accordées aux moins de 26 ans. Donc mis à part avoir envie de frapper la madame du pôle emploi, c'est un coup dans le vide. Tu cherches un job, mais on te répond systématiquement non :

- Dans le domaine du tourisme, tu te fais doubler par des BTS (des bac+2, lorsque tu as bac+5). En sachant que pour pas mal d'emplois, c'est du guidage et de l'accueil avec un soupçon d'organisation et de maîtrise de langues. Effectivement, si tu as un pauvre master d'Histoire ou d'Histoire de l'art, que tu as fait un an d'études à l'étranger – en anglais -, et que tu te démerdes en italien et espagnol, que tu maîtrises les logiciels de graphisme et mise en page et que tu as fait un stage de 6 mois dans une structure similaire, tu es complètement incompétente. Forcément.

- Lorsque tu veux faire des ménages, on te demande d'avoir de l'expérience. C'est certain, passer l'aspirateur, nettoyer les vitres et changer les poubelles, ça te demande dix années d'expérience. Au moins.

- Vendeuse ? Caissière ? Mais voyons, après tout tu n'y connais rien. Et entre nous, ce serait bien dommage de « gâcher » un bac+5 dans ce domaine, non ?

- Et travailler dans un musée durant l'été alors. C'est bien ça, c'est dans tes cordes. Ah, vous ne prenez que les étudiant-e-s et/ou qui habitent dans un rayon de 5km. Bon, et bien pas de chance alors...

On te conseille de reprendre tes études. Un doctorat peut-être ? Trois autres années d'études dans une autre filière "parce que tu n'arriveras à rien avec ton master en sciences humaines" ? Une école à 5000e l'année ? Non ? Les concours alors. Ah oui, les concours c'est bien (même si t'as pas forcément les postes derrière hein).

Honoré daumier"T'as vu elle est au chômage. Ça fait six mois, elle doit pas faire grand chose pour s'en sortir!"
(Daumier H., - Crispin et Scapin - 1858-60)

Quant on a 24 ans, qu'on a fini ses études en sciences humaines, qu'on est au chômage et célibataire, on retourne donc vivre chez ses parents. Il y a un an, voir six mois, je mourrais d'envie de quitter à nouveau le nid familial, de retrouver ma liberté d'étudiante, celle dont je n'ai pas suffisamment profité durant cinq ans. Aujourd'hui je suis quand même bien contente d'avoir le gîte et le couvert – même si c'est paumé en pleine cambrousse ce qui suppose une vie sociale quasi inexistante (3). Par contre, vu que tu n'as aucune rentrées d'argent, c'est ballot si tes parents n'ont pas un rond. Si ils galèrent déjà. Dans ses cas-là, faut que tu te démerdes pour trouver soixante-dix euros tous les mois pour tes factures. Et si en plus, tu es comme moi très chanceuse, tu as par-dessus le marché des organismes de crédit qui te harcèlent dix fois par jour pour les 50e mensuels que tu ne leur a pas payé depuis des mois, tu as ton écran d'ordi qui te lâche et ton téléphone portable dans la foulée. La vie serait tellement plus simple sinon. En prime tu n'as pas d'argent, donc tu restes coincée loin de tout – t'as déjà du mal à payer tes factures, tu peux pas te permettre de te payer le train et/ou de mettre de l'essence dans ta voiture qui doit passer le contrôle technique dans trois mois.

Quant on a 24 ans, qu'on a fini ses études en sciences humaines, qu'on est au chômage et célibataire, et qu'en plus on a pas de projet de vie, on se retrouve donc encore plus dans le flou. On se réveille le matin à se demander ce que l'on va faire de sa journée, on se couche le soir emplie d'une angoisse profonde. La vie quotidienne tourne autour de questions existentielles : c'est quoi la vie au fond ? On se pose des questions sur ses compétences, sur ses envies, sur ses capacités. Sur le futur aussi. Il faut se battre pour ne pas devenir grise, pour ne pas devenir un livre aux pages blanches. Parce qu'on se vide au fur et à mesure des jours : on perd notre espoir, on perd la motivation, on perd nos rêves, on met notre vie entre parenthèses. La « vie » nous dépasse, on essaye de s'accrocher à ce que l'on peut pour ne pas perdre pied.

Chasser les idées sombres, ça devient le combat numéro un.

Quant on a 24 ans, qu'on a fini ses études en sciences humaines, qu'on est au chômage et célibataire, le seul espoir c'est de chercher les points de couleur qui nous entoure : je suis en bonne santé, ma famille aussi (dans l'ensemble), j'ai quelques très bons amis qui ne me laissent pas tomber, je peux me ressourcer dans la nature quant je veux, je mange à ma faim et bien, je suis logée (c'est froid et j'ai des engelures, mais l'été approche, ouf!) j'ai encore une carte de bibliothèque, j'ai internet qui me donne l'occasion d'interragir et les instituts de sondages me permettent de m'acheter des livres et de payer ma carte de cinéma (que je peux utiliser lorsque mon frère accueille le parasite (4) que je suis chez lui – et que j'ai miraculeusement 25 euros à mettre dans l'essence)

Oui, hier j'ai encore reçu une lettre de refus. Pour un job auquel mon profil correspondait presque parfaitement et dans mon secteur géographique. Alors je suis amère et déçue.

Et plus que jamais, paumée et désespérée (5).

the view across Loch Tay to Ben Lawers, a Munro, from near Kenmore, PerthshireAdieu, vacances à sac à dos. Adieu, Ecosse, Autriche et Irlande. Bonjour, ramassage d'échalottes.

Notes : 

(1) Je vous propose l'option 24 ans. Mais je connais l'option 25 ans qui prouve que c'est pas tellement mieux avec un an de plus.
(2) On peut faire pleins de choses et être célibataire, on est bien d'accord là-dessus. Mais c'est quand même plus chouette d'être amoureuse, non ?
(3) Sur ce point, il y a du mieux depuis l'année dernière. Même si certains disent que discuter sur internet/par téléphone c'est pas des vraies interactions sociales, je suis désolée, dans les moments où l'on voit juste ses parents, son oncle, les chats et les moutons dehors, c'est très important. Bien entendu je préfère pouvoir aller me faire un ciné/du lèche-vitrine/du papotage live et un resto népalais, mais on n'a pas tous les jours une Mamzelle M sous la main (ni les finances pour faire ce genre de sorties)
(4) Oui, on se sent partiellement - ou même totalement - parasite dans ces cas-là. La maladie du parasite est étroitement liée au syndrome du "Quant on a 24 ans, qu'on a fini ses études en sciences humaines, qu'on est au chômage, célibataire et sans le sou."
(5) Et dire qu'hier après-midi je répondais à la question "ça t'arrive pas d'être d'un coup totalement déprimée" par un "oui, mais en ce moment ça va.". J'aurai mieux fait de me taire.

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Commentaires
G
Bonjour, je vous rassure (ou pas), je suis exactement dans la même situation, à 28 ans... et j'envisage un doctorat. Bon courage à vous! Parce que c'est vrai que le monde n'a pas besoin de personnes cultivées, qui sont capables d'aligner deux mots de français sans faire trois fautes d'orthographe et de syntaxe... Les petits merdeux qui brûlent des voitures, c'est tellement plus fun. Faut les aider, ceux-là... 😊
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C
Bonjour, <br /> <br /> je suis tombé sur ton site pour voir ce que disent d'autres jeunes dans mon cas et je suis tombé sur ton texte bien écrit,<br /> <br /> je me demande si "quand on vieillit" ça va mieux? si on se sent plus à l'aise pour soi et son avenir?<br /> <br /> Au vu de de ce que tu as commenté au-dessus, j'en doute..peut-être mieux?<br /> <br /> <br /> <br /> je me retrouve dans ce que tu as écris, <br /> <br /> moi aussi, jeune (plus dans quelques années..), sans emploi, sans expérience, sans étude ( même si je n'ai pas comme toi bac+5, j'ai arrêté trop dur..mais cela m'aurait-il aidé?...)<br /> <br /> <br /> <br /> Lorsqu'on contacte une entreprise, on ne nous répond pas ou alors le profil n'est pas celui qu'on cherche (le fameux 5 à 10 d'expérience sur le même poste) (il faut pourtant bien commencer....),<br /> <br /> on se dit on va faire alors de l'intérim (sauf qu'ils ont un bon stock de candidats et qu'ils prennent toujours les mêmes...), <br /> <br /> on s'inscrit à anpe pour rien (ou alors pour entendre dire qu'il faut élargir sa recherche d'emploi, participer à un atelier selon son conseil, selon avoir un rdv dans 4 mois, reprendre une formation (études qui ne servent à rien pour ma part...(sauf pour peut-être pour galérer à trouver en plus un stage...))<br /> <br /> Alors on postule un peu partout mais bon sans expérience.... <br /> <br /> on cherche aussi bénévolement (difficile aussi sans piston)... <br /> <br /> Pourtant faut bien dire quelque chose si, par chance, on décroche un entretien, parce que, eux, les recruteurs, ils s'en foutent, ils connaissent pas la difficulté de trouver quelque chose... <br /> <br /> <br /> <br /> Vas expliquer le temps d'inactivité,le trou dans le cv, "qu'est ce que vous faites depuis ce temps alors? Vous ne cherchez pas? Pourquoi n'avoir vraiment rien trouvé?"<br /> <br /> <br /> <br /> on n'a pas de rentrée d'argent (c'est grave je trouve çà, on t'ignore, on te laisse crever, et oui -25 ans ni d'are, ni d'ass, et surtout ni de rsa bref pas d'aide financière, 0 euros chaque mois, chaque année,.... ( c'est à dire on ne peut pas trop bouger, pas de location, on fait les magasins sans rien acheter,...) <br /> <br /> autant dire l'impression qu'on n'existe même pas...<br /> <br /> et quand on regarde les autres qui réussissent et toi encore tout seul, qui n'avance pas d'un poil, tu te questionnes chaque jour,l'état d'esprit baisse, ta confiance baisse, tu te dis qu'est ce qui cloche chez toi, t'as honte vis à vis de tout le monde...) (à 20 ans, on a soit disant la vie devant soi....)<br /> <br /> on évite d'en parler (isolement)( et oui il faut mieux... sinon on passe pour quelqu'un qui ne veut rien faire, qui veut pas bosser, un fainéant, comme écrit plus haut un parasite ...) (pour les autres évidemment si tu travailles pas tu n'as pas assez cherché, ....) <br /> <br /> <br /> <br /> Voilà je termine ce message là dessus, si quelqu'un veut en témoigner (pourtant pas le seul à qui ça arrive.. (selon les stats 1/4 des jeunes....Mais que font-ils alors ces jeunes???? que font ils de leurs journées?? comment-ils vivent ????)<br /> <br /> Allez à tous un bon courage!!
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C
Salut petite parasite, <br /> <br /> <br /> <br /> Si tu es toujours de ce monde et que ta déprime ne l'a pas emporté sur ton optimisme, ce que je n’espère pas, laisse moi te dire que ton billet est super bien écrit. Je n'ai pas 24, j'en ai 32 ans mais je me suis reconnue dans plusieurs points (enfin pas tous non plus, mais comme on dit : "ça sent le vécu"). <br /> <br /> <br /> <br /> Moi aussi j'ai un Master 2... pas en histoire de l'art, mais en "culture et patrimoine", pour la faire courte.... tu sais le genre de formation où les gens de Pôle emploi, ils ne peuvent rien pour toi. Le genre de diplômes, où quand tu regardes un pro de ton Pôle emploi, tu sens qu'il a peur face à toi. En général il (ou elle, c'est pire) finit par te dire : "Ben, c'est pour être guide ? Où pour travailler dans un office de tourisme" ( évidement, c'est pour faire de l'accueil en OT. Tu penses bien ! Avec un bac+5, au mieux tu vendras des boules-de-neiges marquées "Souvenir de Vierzon".) Je suis méchante. Heu, à peine. Toutefois, ces spécialistes de la réinsertion professionnelle te proposeront un atelier pour apprendre à rédiger la plus belle des lettres de motivation et le CV Bonux qui va tout dépoter ! Ouais, avec ça, Pôle emploi va te rendre plus heureuse que Mc.Do avec son happy meal. <br /> <br /> <br /> <br /> Si je suis tombée sur ton article, c'est que je suis en ce moment à la recherche d'un emploi. Enfin, c'est que je suis "chômeuse", quoi ! Je suis une nana qui ne bosse pas, que l'on attend nul part le matin quand je me lève, mais mais mais qui tente (mais c'est difficile quand même) de GARDER ESPOIR ! <br /> <br /> Ce n'est pas parce que personne ne t'attend le matin, que tu te sens en vacances.Oh non ! Ce n'est pas parce que tu es au chômage, que tu as du temps libre parce que tu ne bosses pas.Oh que non ! T'as juste honte, car socialement : "Tu es celui ou celle qui ne travaille pas aux yeux des autres, même si les autres sont compréhensifs. Mais ça, toi tu t'en fou et ça te ronge". T'es juste très occupée car "oui", retrouver un emploi c'est : de l'énergie, du temps et on ne le dit pas assez mais CHERCHER UN EMPLOI C'EST DE L'ARGENT ! Avec toujours cette foutue question qui revient comme une rengaine (même si on chasse cette question de notre tête) : "Est-ce que je perds mon temps en postulant ici ? Mais si je ne le fais... je ne suis pas prête de trouver un emploi, donc je le fais. En plus je n'aurais rien à me reprocher..."<br /> <br /> <br /> <br /> Je te rassure je ne suis pas au chômage depuis mes 24 ans, j'ai même connu des périodes plutôt courtes de chômage, mais cinq mois, c'est toujours trop. Car, malgré tout le chômage c'est toujours une période de stagnation sur un point ou un autre. Bon aller, j'arrête de me plaindre, je pourrais être SDF, habiter Vierzon, avoir un voisin fan de Christophe Maé ou encore être née dans un pays en guerre.<br /> <br /> <br /> <br /> Aller courage et encore bravo pour ton humour. ça fait du bien de lire des billets comme le tien. On se dit, que merde, même si on le sait déjà petit parasite talentueux: on est pas tout seul ! <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Signée, une ex parasite. <br /> <br /> <br /> <br /> PS1 : Si je te disais qu'il y a des jours, j'envie presque les personnes qui n'ont pas fait d'études tu ne me croirais pas.... Car "oui" beaucoup aujourd'hui ont un CDI, une vie de couple, des enfants et ont acheté une petite maison (voir une grande). Bref, ils sont plus avancés que nombreux jeunes diplômés cumulant les CDD dont je fais partie et que je connais. Sont-ils heureux ? Ce n'est pas la famille Ricorée, mais ils ont le sourire. Plus que moi.<br /> <br /> <br /> <br /> PS2 : Je ne supporte plus ces phrases : <br /> <br /> <br /> <br /> Au vue des diplômes et de l'expérience :<br /> <br /> - "Oh, je ne me fais pas de soucis pour toi"<br /> <br /> C'est bien, moi perso je m'en fait tous les jours.<br /> <br /> <br /> <br /> -"Et vous avez regardé sur Internet? Ho oui hein, c'est pas facile "<br /> <br /> Ta gueeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeelle ! <br /> <br /> Heu pardon.<br /> <br /> <br /> <br /> -"....."<br /> <br /> C'est gentil d'éviter le sujet, mais tu sais je suis juste en train de chercher un travail, j'ai pas non plus de l'herpès.<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Aller, félicitation pour ton blog Miss.
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N
Bonsoir,<br /> <br /> <br /> <br /> 2 questions, brèves :<br /> <br /> 1/ Pourquoi avoir choisi une filière que vous saviez bouchée sous couvert de vouloir faire un bac+5 ?<br /> <br /> 2/ Pourquoi refuser de vous reformer vers un secteur plus florissant même si moins glamour (ex : fleuriste, comptable...) ?
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R
Salut, <br /> <br /> Je viens de lire ton article et c'est fou car je me retrouve totalement dedans! 24 ans également, master en sciences humaines, célibataire, sans emploi, pas d'alloc... Je vis le même problème au quotidien, pas ou peu d'activités car pas de sous, je calcule chaque euro dépensé pour chaque sortie, c'est juste infernal! <br /> <br /> Bref juste pour te souhaiter bon courage pour la suite et ce serait avec plaisir si tu souhaites échanger !
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