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Confidences autour d'un thé... (ou d'un café)
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24 mars 2014

J'ai vécu quatre ans dans un manoir du XVe

Cette phrase j'ai longtemps aimé la dire (j'avoue j'aime encore) parce que j'ai toujours trouvé que ça sonnait un peu irréel et terriblement classe. Des personnes de ma condition de vraisemblablement troisième classe du Titanic n'habitent en général pas dans un manoir. En vérité, ce fut une chance, mais une chance tout à fait accessible à nos économies - après tout nous n'étions que des locataires et c'était un manoir-ferme.

manoir-de-kerilies-plouguerneau

Un peu après la naissance de mon frère, on a déménagé dans ce manoir qui date du XVe siècle. J'avais quatre ans et des poussières et on y est resté quatre ans. Ma mémoire, pourtant pas très fiable, a enregistré beaucoup de choses de cette période. Beaucoup de bonnes, quelques mauvaises. Je visualise encore très bien la plupart des pièces. Ma chambre, où j'écrivais sur mon calendrier pour me désénerver "maman est conne, maman est conne". La pièce à mi-chemin où j'ai appris à lire avec un truc du genre "Julie et Julien". La cuisine, où la Befana déposait ses cadeaux au son d'une musique si particulière. Les escaliers en pierre où mon frère et ma soeur jouaient à se pousser (ndla: les dangers). L'atelier où ma grand-mère nous apprenait des comptines. Cette fenêtre en haut de la petite tourelle où, un jour, nous avons vu mon frère en larmes. 

Cette grande cour où ce même frère avait un jour allumé le moteur de la voiture. Ce ruisseau à l'arrière de la maison qui nous était interdit car trop dangereux avec ses herbes hautes. Le lavoir sur le coté de de la maison. Ce champs dans la continuité de la cour qui me paraissait tellement grand que lorsque j'arrivais en haut (il était en pente) j'avais l'impression d'être Sam et Frodon qui quittent la comté (anachronisme). Le peu de temps que l'on mettait à se rendre à la plage "des piquants" ou la fois où je me suis rendue au bourg à vélo, fâchée, sans avoir idée de la conduite à avoir en présence de voitures.

Toutes ces choses - et bien plus encore - sont restées gravées dans ma mémoire de même que cette façade.

Alors quand hier ma soeur nous a envoyé ça par mail, j'ai été un peu choquée.

Est-ce-que j'ai vraiment habité dans ce manoir ? J'ai presque l'impression que ces vingts ans se sont mués en siècles, que ces souvenirs sont devenus comme une vieille carte postale en noir et blanc que tu regardes en te disant "tu imagines comment c'était à cette époque?". Ils sont désormais figés dans un passé totalement révolu. Ça y est, je suis désormais contemporaine des habitants de la Belle-Époque (1).

(1) par exemple

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