Il suffirait de presque rien
Je pensais que c'était bon, que j'étais (un peu) au-delà de ces préoccupations d'âge/d'avenir/de perspective. Faut croire que je me suis trompée, car il ne m'a fallu que quelques petits contacts sociaux pour que je perde pied. Il a suffit que l'on me demande ce que je faisais comme études "J'ai terminé", que l'on s'étonne de mon âge "J'ai 25 ans" "25 ans ?!" (faut que je me rende à l'évidence, visiblement je ne fais pas mon âge. Je veux bien que l'on m'explique comment on fait pour avoir la tête de quelqu'un de 25 ans), que l'on m'interroge sur mes perspectives d'avenir "Travail dans la culture et le patrimoine" (en vrai, j'en sais trop rien) et que je me retrouve avec de jeunes étudiants (moyenne d'âge 20 ans ?).
Le fait que je dorme mal et peu, que je sois un peu anxieuse quant à l'inconnu de ce nouveau boulot, ne sont sans doute pas étranger non plus à ce malaise. Hier, quand j'ai lu le billet de Jasmin sur le futur, j'étais toute ouïe et saluait cet état d'esprit si positif. Aujourd'hui, je le salue d'autant plus que j'ai l'impression qu'il est à mille lieues de moi. J'ai une grosse boule d'angoisse au ventre et les questionnements que j'avais réussi à éloigner un temps reviennent en grosse rafales.
Si j'avais réussi à tout éloigner c'est parce que ces derniers mois, centrée sur ma petite personne, je n'avais pas eu besoin de me confronter au regard d'autrui, à ces interrogations. Je construisais tranquillement mon petit futur proche, sans penser à rien d'autre qu'à ce que je voulais, là, maintenant. En pensant en mois et en années, plutôt qu'en âge et en décomptes. Dans mon esprit ça prenait petit à petit forme, je me sentais d'attaque pour partir vraiment, pour de vrai, à l'aventure à la mi-octobre. Quitte à partir avec juste mon sac à dos et quelques petites économies. Je pensais sérieusement à l'option aller sur les traces de Marianna Starke en 2015 en choisissant par exemple de trouver des échanges travail/nourri-logé sur la route.
Et puis voilà, badaboum. Tout à coup, je vois les choses sous une autre perspective. Je ne pense plus partir et on verra après, mais partir et ça redeviendra pareil après. Ça me fait l'effet d'une bulle de savon qui aurait explosé, comme si je revenais dans la réalité. Mais quelle réalité au juste ? Celle qui veut que oui, c'est un fait, j'ai presque 26 ans, j'ai fini mon master il y a deux ans, je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie, je n'ai aucun projet de carrière. Je crois que ce qui m'énerve le plus, c'est dans l'état où je me mets pour des conneries ou le fait que je sois si faible face aux remarques des gens. Je pense que c'est relativement sain d'avoir comme ambition d'apprendre, de découvrir, de rencontrer, de rêver, de créer, d'échanger. Pourtant, dès que j'en ai l'occasion je ressens cette boule à l'estomac, cette angoisse incontrôlable. En fait j'ai PEUR.
Toute une panoplie de peurs. La peur d'avoir des regrets, la peur de passer à côté de quelque chose, la peur de me décevoir, la peur de faire du sur-place, la grosse peur que ma vie soit terne et que mon coeur ne batte pas la chamade.
Vraiment, vivement ce soir que je me couche.
(ça fout le cafard, mais les paroles sont tellement belles)