Tentation d'un voyage temporel

J'ai toujours eu une passion pour la confrontation passé-présent. Quasi tous mes projets, et ce depuis des années, ont en commun cette thématique. Je ne vais pas le nier, des fois ça me rend triste de voir comment un lieu a été détruit par l'homme, mais cette fascination pour un temps révolu n'est jamais passé du coté du "c'était mieux avant". Ça serait bien trop contradictoire avec ma vision des choses ni noire, ni blanche. Ce que je vois dans cette exploration du passé, c'est la découverte d'un monde inconnu à mes yeux mais pourtant bien réel. Le superposer au monde dans lequel je vis, ça me donne de la perspective. 

J'étais déjà bien atteinte, mais en ce moment c'est quasi maladif. A un penchant pour l'occupation humaine de lieux s'y est, doucement mais sûrement, greffé une fascination pour la variabilité du paysage. Je suis tellement focalisée sur le sujet que je m'entends dire à chaque déplacement "Tu penses que c'était comment ici avant ? Imagine que tu puisses te téléporter, tu penses qu'il y avait quoi de pareil ? Quoi de différent ?". J'en suis même arrivée à souffrir pour mon interlocutrice privilégiée de ces dernières semaines (ma soeur). Et le repêchage de mes AVAP rennaise n'a pas arrangé l'affaire...

En même temps, au niveau du paysage on me donne du grain à moudre: non seulement c'est la fiesta à l'abatage des arbres et au ravalement de talus, mais en plus je ne reconnais plus les plages où je me rends habituellement: d'un coté la dune qui disparaît, de l'autre tout à coup au moins 1m de sable en moins, son manque révélant une toute autre facette de la côte. Toute de roches vêtue, la plage est méconnaissable et fascinante.

 

 

Je ne saurais pas expliquer ce qui se passe à l'intérieur de moi lorsque je déambule dans une ville ou que je fais une randonnée. Je me sens enveloppée par l'envie d'en savoir plus sur le sol où je me trouve - et sur les gens qui y ont vécu. Que voyait un alter-ego posté au même endroit il y a cinquante, cent, cinq cent ans ? Qu'a t-on en commun lui et moi ?

L'envie, l'envie...

Elle existe mais pour quoi faire quoi au juste ? Là est le gros problème, l'énergie qui se dégage de mon agitation intérieure pourrait déplacer des montagnes, mais, faute de projets concrets et de cadres bien établis, elle se perd le plus souvent dans la nature. Je veux faire quelque chose, mais j'ai du mal à trouver le moyen. Y en a t-il qu'un seul d'ailleurs ? C'est ce que je me demande depuis quelques temps, alors que plusieurs possibilités (théoriques) m'ouvrent des passages différents - mais potentiellement complémentaires. 

C'est ça être passionnée par quelque chose ?