Vernon Lee (1856-1935)

Encore une britannique, encore une femme, encore le dix-neuvième. Vernon Lee n'était pas forcément "prévue" pour aujourd'hui, mais faute d'avoir eu le temps de chercher mes notes, partons cette semaine sur une figure que je "connais" bien ;)

Qui ? Vernon Lee est le pseudonyme de Violet Paget, auteur et critique britannique, née en 1856 en France. Issue d'une famille d'expatriés, elle a vécu une grande partie de sa vie en dehors du Royaume-uni. Son enfance se passe entre différents pays d'Europe (France, Royaume-uni, Italie, Suisse, Allemagne) et elle ne se fixe véritablement qu'à l'âge adulte, non loin de Florence.

Son oeuvre est dense et hétéroclite, mais ses prises de positions sont toujours affirmées. Vernon Lee soutient dans ses écrits son désir de ne pas se conformer aux idéaux de son époque. Son premier roman, Miss Brown publié en 1884, a connu une certaine controverse pour sa représentation du cercle pré-Raphaelite et surtout pour le rapprochement qu'il était aisé de faire entre personnages fictifs et personnages réels. Auteur de fictions, elle fut aussi reconnue en son temps pour ses essais sur l'art et l'esthétique, ainsi que pour ses écrits de voyages. Bien que son oeuvre aborde des thématiques variées sous des formes diverses, on peut souligner l'importance qu'elle accorde à l'existence d'un Genius Loci (l'esprit des lieux), aux souvenirs, au passé et à la mémoire. Elle a également eu un impact sur la définition de la critique, qu'elle soit littéraire, artistique ou musicale. Si ses prises de positions intellectuelles sont significatives, on peut leur ajouter des prises de positions politiques, notamment dans les domaines du féminisme et du pacifisme. Vernon Lee meurt près de Florence, en 1935.

La rencontre ? Je vous en avais déjà parlé lorsque j'évais écrit ce billet sur John Singer Sargent, qui était un ami proche de Vernon Lee. Cette rencontre s'est faite lors de mes études, à nouveau lors de mon master (ce qui n'est pas étonnant, car c'est à cette période que j'ai découvert toutes ces femmes dont je n'avais jamais entendu parler auparavant) mais cette fois non pas dans le cadre de mes recherches de mémoire, mais lors d'un cours à Nottingham sur les femmes britanniques écrivains-voyageurs du 19e.

Pourquoi ? Là encore, ça va être de la redite. Vernon Lee, ou plutôt ce que j'avais lu d'elle alors, fait partie de ces gens/lectures qui m'ont marquée durablement. En lisant ses réflexions, j'ai compris des choses que je n'arrivais pas à poser avec des mots. J'ai toujours accordé beaucoup d'importance aux lieux, à ce qu'ils sont, à ce qu'ils étaient. Je crois que la perception que j'en ai aujourd'hui découle en partie de sa vision à elle. De l'idée d'un entremelement entre imagination et réalité, entre ce qui a été, ce qui est et ce qui sera. 

John Singer Sargent, Vernon Lee (1881) © Tate

En savoir plus

> Une liste (impressionnante!) de ces écrits sur archive.org où l'on trouve notamment Limbo & other essays (1897) ou Genius Loci (1899), deux recueils d'impressions de voyages. (note: personnellement, j'envisage de lire Hautings, fantastic stories)

> Marie-Carmen Thue-Tun, "Vernon Lee (Violet Paget,1856-1935) : une odyssee scripturale entre romantisme et modernite" (thèse, 2010)

> Une biographie détaillée