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Confidences autour d'un thé... (ou d'un café)
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7 février 2019

Ecosse ✾ “ De la brume, une entorse et un défi ”

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22 Mai 2018
Sur la West Highland Way (16km)

La nuit fut rude pour moi, le sol étant glacé. Petite récompense au réveil en apercevant ces montagnes à demie cachées par la brume et recouvertes de quelques restes de neige. On remballe nos affaires avec moi qui peste parce qu'on met beaucoup trop de temps « et qu'on a plein de kilomètres à marcher, on va pas partir à midi non plus ! Et regardez, les autres ils ont tous déjà remballés et partent ! ». Je pense notamment à ces trois germanophones que l'on croyait être du même groupe, mais qui ne semblent en fait ne s'être liés que pour la soirée/matinée, car ils partent chacun de leur coté. D'abord le blond habillé en camouflage et dont la tente une place ressemble à un cercueil, puis la jeune femme toute de noir vêtue et celui au sac à dos orange. On fini (enfin) par partir et je suis toute excitée de me dire « Putain, putain ! Je suis dans les Highlands ! Après le rendez-vous manqué d'il y a huit ans, je réalise enfin mon rêve de gosse ». Je suis hyper motivée pour les kilomètres qui nous attendent vu les paysages dans lesquels on se trouve. Sauf que.

Au bout d'1,5km, ma sœur me dit en riant que le randonneur au sac à dos orange qu'on a presque rattrapé est peut être mon âme sœur parce qu'on a les mêmes couleurs sur nous. Je lève la tête pour voir, je trébuche et là le drame : je sens le combo de l'entorse, sueurs/bourdonnement dans les oreilles/nausée. J'ai mal sans avoir mal, comme lorsqu'on se « tord » la cheville sans gravité. Mais je SAIS que l'entorse elle est là. Je pleure devant l'injustice : attendre quinze ans pour se faire une entorse au bout de 1,5km le premier jour. Sérieux ?!

« Nan, Nan, c'est hors de question ! » Mon frère et ma sœur proposent de porter mon sac en plus du leur et je décide de n'en faire qu'à ma tête : ce parcours, je vais le faire tant que je le peux. « De toute manière, quoique tu fasses, demain tu seras coincée dans la tente, autant en profiter maintenant. Et puis, si tu arrives à marcher c'est que c'est pas si grave non plus.». Je claudique donc derrière eux, lentement, en essayant de poser mon pied gauche le moins possible. Ma sœur insiste pour que l'on s'arrête à la prochaine maison. La vieille dame qui nous ouvre nous dit d'attendre dans le salon le temps qu'elle aille chercher de la crème antidouleur et un bandage. On laisse traîner nos yeux autour de nous et on tombe sur un livre sur Trump. Charmant. On entame la discussion avec cette dame qui s'obstine à m'appeler Gisèle et ma sœur Cecilly et qui nous explique que le prochain (et seul) arrêt de bus sera juste avant les « devil's staircase » qui ne sont pas si horribles que ça selon elle et que si je me sens capable de monter, ensuite ça descend tranquillement. On la remercie et on repart, moi en boitillant, ma sœur avec mon sac à dos en plus du sien. Les cinq kilomètres suivants se feront avec des haltes où mon frère et ma sœur se refilent mon sac et où je me repose un peu. Arrivés devant ces escaliers du diable, on fait rapidement le point et on se décide à tenter le coup : ils arrivent à gérer mon sac, j'arrive à gérer ma cheville – et, on va être honnête, on veut tenter le défi.

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De mon coté, la côte se fait plutôt bien. Bien sûr, je m'arrête régulièrement. Mais en vrai, c'est davantage parce que je ne suis pas sportive que parce que j'ai mal. Je me retourne régulièrement pour profiter de la vue : c'est beau. Du coté de mon frère et de ma sœur, la montée est plus rude, alourdis qu'ils sont d'une dizaine de kilos. J'arrive la première au sommet, avec une pointe de culpabilité. Pause-thé non loin d'une famille de trois personnes « Tu penses que c'est quoi leur nationalité ? » « En tout cas, ils parlent allemand, comme les 2/3 des randonneurs croisés jusqu'alors.»

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On repart. Le sentier a un dénivelé négatif. Et je réalise que c'est bien ça le problème : tant que ça monte, je gère, mais dès que ça descend c'est compliqué. Mais il est trop tard, je ne me vois justement pas redescendre par le gros dénivelé, tant pis, allons jusqu'au bout. Durant les huit kilomètres suivant, je ne fais que contrôler mes pas sur ces sentiers plutôt boueux, souvent rocailleux et quasi systématiquement en pente, parfois assez raide. J'échange quelques mots avec des randonneurs sur mon état, mon frère et ma sœur finissent pas entamer la conversation avec la famille – suisse, après les avoir croisés plusieurs fois, sur une montagne on voit des cervidés, je traverse un passage en travaux où le sentier n'est plus et a été remplacé par de grosses ornières boueuses et je fini en m'ajoutant un bon kilomètre de route parce que je me suis trompée dans le balisage.

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On se retrouve tous les trois, je me pose sur un banc pendant qu'ils achètent quelques provisions. Je vois les trois germanophones du matin sortir ensemble de l'épicerie : ont-il fait toutes les étapes comme ça, à savoir marcher en solo puis se retrouver à l'arrivée ? J'ai tout juste la capacité de me porter jusqu'à l'arrêt de bus pour aller au camping – qui, je le réalise, n'est pas du tout accessible à pied. Reste que le lieu est aussi splendide que sur les photos, qu'il n'y a pas d'emplacements matérialisés et que l'on peut donc se poser dans un vaste espace. Je file faire une douche « tant que je le peux » et je me pose, à la fois inquiète de mon état physique du lendemain, épuisée par la journée, mais satisfaite d'avoir réussi.

(à suivre...)

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