Dimanche + Soleil + Marcher dans les rues désertées

Si j'ai la "merveilleuse" idée d'aller quelque part le dimanche, bien entendu j'y vais en marchant. Pas de soucis d'heure à respecter, peu de bus, soleil (parce que évidement je ne sors que rarement si y'a un temps de chiotte), et me voilà partie à marcher dans la ville vidée de son souffle humain. Le résultat de cette équation c'est des questions existencielles qui se bousculent au portillon. Aujourd'hui (avant que je me rappelle que j'avais à nouveau un MP3 et donc de la musique pour m'évader loin des métaphores foireuses) je me suis prise à me sentir comme une statue d'argile façonnée petit à petit mais ni signée ni marquée. Toute lisse, pas usée, bref sans ce truc qui fait que cette statuette est unique. Moi qui suis une adepte des brocantes, de ces livres dont les pages sont écornées, froissées, jaunies par le temps, je me suis tout à coup vue comme un livre aux pages brillantes et lisses. Et ça m'ennuie. Mais être un objet de brocante suppose que l'on ait souffert. Je ne dis pas que je n'ai jamais souffert, ni que je voudrais souffrir plus, c'est juste que j'ai l'impression d'être fade. Comme un plat dans sel, sans épices. Un fairycake rose bonbon, décoré de smarties et de pépites de couleur. Un gâteau pour les enfants, qu'ils mangent avec plaisir, mais que quand on devient adulte on regarde en se disant "c'est mignon, tout petit, plein de couleur, mais je peux pas: ça va me faire prendre des kilos".

Voilà ce qu'est un dimanche pour moi. Remplir mon cerveau d'images à en avoir la tête qui tourne. Avoir l'impression d'être ailleurs mais finalement n'avoir jamais été si proche de LA vérité. Mon dimanche à moi c'est une indigestion.