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Confidences autour d'un thé... (ou d'un café)
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18 octobre 2015

L'assec du lac de Guerlédan

A notre première rencontre, je ne savais pas que le lac de Guerledan était artificiel, ni qu'il recouvrait plusieurs écluses du canal de Nantes à Brest. Guerlédan fut pendant longtemps l'endroit où j'ai mangé des profiteroles un après-midi gris il y a une quinzaine d'année. Le lieu que je voyais au loin lorsque j'empruntais la RN 164, cette route que j'ai toujours vu en construction, pour rentrer/partir de chez mes parents. Un gros plan d'eau au milieu de nulle part, dans un secteur sinistré économiquement parlant, pas densément peuplé mais qui offre de superbes panoramas.

Lorsque j'ai appris qu'il allait être vidé (il y a quoi, deux ans ?), j'ai ouvert de grands yeux et me suis promis de m'y rendre. Les vallées englouties m'ont toujours fasciné par ce mélange de peur et de mélancolie qu'elles évoquent. Voir le fond d'un lac artificiel, qui plus est de celui qui m'est le plus familier, c'était à ne pas louper. Alors j'ai compté les mois. "L'année prochaine, n'oubliez pas, c'est l'assec de Guerledan!". J'ai eu beau le dire, j'ai failli oublier. Je n'y suis pas allée au départ, j'entendais parler de la foule. Je n'y suis pas allée au milieu, trop compliqué. J'ai attendu les derniers jours. D'un coté, j'aurais bien voulu voir les paysages lunaires décrits par tous et toutes. De l'autre, le fond du lac comme il l'est actuellement a totalement marqué mon regard. On a choisi pour cette excursion de marcher sur une partie du sentier qui fait le tour du lac sur le secteur de Tregnanton, là où se trouvait des ardoisières. Le sentier grimpe pas mal et propose de très beaux panoramas sur la vallée. On en a fait que quelques kilomètres: le tour du lac en fait 40... Une randonnée à faire que j'ajoute à ma liste.

Que dire de ces couleurs! Mes photos sont loin de rendre grâce à ces verts à la fois chauds et froids, à ces rouges - grenat, vermillon, orangés, à ce jaune - doré, citronné, ambré... Malgré la luminosité limité de cette grise journée d'octobre, cette balade a été une vraie explosion de couleurs pour les yeux. Il faut dire que la forêt commence à se parer de ses couleurs d'automne et que le fond du lac en est un écho idéal. J'avais beau avoir vu quelques photos avant de m'y rendre, j'avoue avoir été très (agréablement) surprise par cette richesse chromatique*.

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En venant ici, je m'attendais à ressentir un lien avec l'Histoire. Ces derniers mois, lorsque j'abordais le sujet du barrage, j'ai beaucoup parlé du fait que sa construction avait coupé la navigation sur le canal de Nantes à Brest et que 17 de ses écluses étaient désormais sous l'eau. Que des arbres avaient été coupés, des ardoisières englouties. Des maisons aussi. J'ai lu (1) la conception du projet, les protestations, les difficultés rencontrées lors de la construction du barrage. Je pense que si j'y étais allée en Avril ou Mai, c'est peut-être la première chose que j'aurais pensé, la vallée avant. Là, c'est le présent qui m'a enveloppée: toute cette verdure naissante va bientôt disparaître sous des mètres d'eau et ça m'attriste vraiment. Même si c'était pour faire des travaux qui devraient éviter un prochain assèchement du lac, cela a aussi montré comment les actions humaines sont réversibles et comment la nature reprend vite ses droits**. Et qui sait, peut-être qu'un jour le barrage redeviendra une écluse au nom de Guerlédan et que la vallée ne sera plus engloutie ?

Notes:

* Il y avait un coté très LOTR parfois: des endroits qui faisaient très Hobbitebourg dans les tonalités (mais pas dans la forme) et d'autres qui poussaient l'imaginaire vers l'entrée du Mordor.

** Dans les Côtes-d'Armor toujours, on peut voir une ancienne retenue d'eau aujourd'hui devenu un lieu de balade: l'ancien barrage de Kernansquillec, construit en 1920 à Belle-Isle-en-Terre et démoli en 1996. J'avais fait une randonnée là-bas sans avoir réalisé que cette petite vallée avait été sous les eaux durant de nombreuses années.

(1) Guerlédan: Mémoires du constructeur du barrage et de l'usine (1921-1937), de Auguste Leson,  Ed. des montagnes noires, 2003

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Commentaires
K
Tes photos sont superbes, et offrent une vision très différentes de celles prises par Ioionette en juillet. C'est vrai qu'à voir le paysage à ce moment-là, on a du mal à croire qu'on se trouve au même endroit, tant tout a reverdi.
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